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Être parent; quel boulot ingrat et décevant par moments

  • Writer: Emma Gagnon Naudot
    Emma Gagnon Naudot
  • Oct 1, 2020
  • 3 min read

Updated: May 13, 2021


Il faut cependant voir le positif des choses. Depuis que ma motivation d’ouvrir un livre non obligatoire a drastiquement baissé, je suis forcée de me définir autrement qu'un rat de bibliothèque. Et que faire pour éviter une crise identitaire? Essayer, abandonner et ainsi de suite. Je suis une ferme croyante de l’abandon. D’ailleurs, n’est-il pas intéressant que le mot abandonner puisse aussi signifier le laisser-aller ou le désintérêt? Malheureusement, je ne pourrais compter le nombre de fois que l’on a tenté, inconsciemment ou non, de me rabaisser en prétextant que j’abandonnais trop vite. Pourtant, il me paraît évident que lorsque l’on essaye quoi que ce soit, il y a 50% de chance que l’on s’y accroche et 50% de chance que l’on passe éventuellement à autre chose. Dans tous les cas, on évolue et on grandit.

J’ai suivi des cours de Lindy Hop pendant un an. Je n’ai aucun rythme, mais il y a deux ans j’étais déprimée et j’avais besoin d’être entourée une à deux fois par semaine de cette joie de vivre énergisante qu’on les danseurs de swing. Lorsque l’été est arrivé, j’ai lâché ces cours pour aller passer deux mois à l’Ilet, à travailler dans une auberge gourmande comme serveuse et femme de ménage et à tenter de vivre dans une minuscule roulotte infestée de rongeurs. Ce n’était pas pour moi et je me demande bien c’est pour qui, mais ça m’a permis de réaliser que je n'étais pas encore tout à fait prête à vivre loin de ma famille et de mes amis, ne serait-ce que pour quelques semaines. Peut-être un jour, qui sait.

Depuis la pandémie, j’ai commencé à m'intéresser plus sérieusement à l’art, spécifiquement à la peinture. Mes follows instagram sont majoritairement des peintres plus ou moins connus qui publient leurs œuvres (je vous conseille cette manière d'utiliser les réseaux sociaux; c’est beaucoup moins nocif de voir des couchers de soleil que des femmes retouchées) et je suis désormais abonnée à la page YouTube francophone Toute l’Histoire qui offre, en partie, de magnifiques vidéos explicatifs sur les œuvres d’artistes réputés. Apparemment, Degas avait l’habitude d'insulter le travail de ses collègues à coup de « dommage que le modèle ait bougé» ! Je magazine donc aujourd’hui des peintures à numéros au Omer de Serre alors qu’il y a cinq ans je ne comprenais pas comment l’on pouvait s’émouvoir devant des toiles.

J’ai commencé à cuisiner aussi. Étant semi-végétarienne et vivant avec une bande de carnivores, je crois que je suis la seule étudiante qui mangera mieux lorsque je serai en appartement. Puis, il y a le sport; j’ai enfin compris pourquoi les gens se démènent volontairement à souffrir. Croyez-le ou non, ça fait du bien à la longue! Jamais je n’aurais pu m'imaginer que tout ce blablabla sur la sérotonine et l’effort physique est autant efficace et satisfaisant que réel. Je me répugne un peu à être maintenant le genre de personne qui facetime ses amies pour suer ensemble virtuellement devant des vidéos de Pamela Reif, mais je dois me rendre à l’évidence que j’aime avoir des muscles et assez d’endurance cardiovasculaire pour danser à tue-tête dans mon salon sur Les deux printemps de Bélanger.

En fait, mon beau-père a sûrement raison, je devrais aussi cesser de réécouter Daniel Sloss, Good Will Hunting et The Office, mais tant que je n’en serai pas convaincue moi-même, le processus de désintoxication sera beaucoup plus ardu et douloureux. Sa déception à mon égard, bien que énervante et désagréable sur le coup, fait tout de même inconsciemment son chemin vers mes neurones et me pousse plus rapidement à cet éveil que la pandémie repousse; ma nouvelle passion périodique pour la création culinaire, artistique et musculaire en est la preuve.

Une chose en son temps.








 
 
 

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