Le citalopram; envers et contre tous (pas le roman de Tania Boulet)
- Emma Gagnon Naudot

- Dec 1, 2020
- 2 min read
Les antidépresseurs, c’est l’ouverture d’un autre monde.
En fait, à bien y penser, je ne sais même pas si je consomme vraiment des antidépresseurs. Ma médecin de famille les appelle ainsi, mais j’ai déjà entendu dire que le Citalopram était surtout un médicament pour réduire l’anxiété. Je ne sais pas si c' est vrai, ou si les deux sont vrais. On parlait de paresse tantôt? Et bien je suis trop paresseuse pour aller chercher la réponse. Ça ne m’intrigue pas assez et dans tous les cas, j’aime ce que le Citalopram m’apporte.
Au début c’est tout un ajustement.
Pour une fille (fille, femme, je sais jamais comment m’identifier) comme moi qui est constamment proche de ses sentiments et de son angoisse, c’est extrêmement bizarre de se les voir arracher. C’est un peu ça que ça fait au début. J’avais l’impression qu’un mur s’était construit entre mes émotions et mon rationnel. Tout un choc. C’est pour ça qu’on entend souvent certaines personnes proclamer qu’elles se sentent vides et robotiques sous l’effet de ces petites pilules. C’est un peu plus complexe et on finit par s’y habituer. Pour moi, cette petite dose de poudre blanche compactée que j’avale chaque soir à 21h30 me permet de dissiper la crispation qui gesticule tous les jours dans mon bas ventre où une grosse boule de nerfs entremêlés habite. Elle pèse une tonne et elle s’amuse à transmettre son énergie anxiogène dans tout mon corps. La drogue ovale me permet d’effacer presque entièrement cette boule détestable qui habite mes entrailles afin que je puisse me concentrer sur ce qu'elle obstrue, soit tout le reste de ce que je peux ressentir, toute ma joie de vivre, tout ce que je suis sans anxiété. Mon beau-père consomme lui aussi un dérivé de cette drogue, un simple « j’aimerais être plus souvent de bonne humeur » à notre médecin de famille (une femme très compétente et à l’écoute) et le tour est joué!
Évidemment, c’est beaucoup plus efficace avec la thérapie, avec une drogue mentale. Il faut aussi détisser les connexions neuronales néfastes qui se sont lentement installées dans le cerveau. On en a tous, mais la thérapie c’est plus cher, ça demande plus d’effort et beaucoup plus de courage. « À moins d’être parfait comme moi! Je t’ai dit que je suis déjà allé voir un psy et que j’ai réglé tout ce que je voulais régler en six séances? », dirait papa.


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